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Le terme végane

Issu par contraction du nom vegetarian, le terme anglais vegan a été créé en 1944 par les fondateurs de la Vegan Society afin d’éviter les expressions négatives et imprécises non-lacto et non-dairy vegetarian. La définition de 1951 précise qu’un végane est une personne qui essaie de vivre sans exploiter les animaux. Concrètement, un végane exclut tous les produits d’origine animale de son alimentation (viande, poisson, coquillages, lait, œufs ou miel entre autres), de son habillement (fourrure, cuir, laine, soie, plumes) et de quelque autre domaine que ce soit (cosmétiques, loisirs, etc.). Le véganisme est donc un concept moral, qui se distingue du simple régime alimentaire appelé végétalisme.

La francophonie accuse un retard important. Le dictionnaire Hachette (édition 2013) a le mérite d’être le premier à avoir intégré le substantif véganisme : « mode de vie qui exclut toute utilisation de produits animaux (laitages, viande, cuir, etc.) ». Toutefois, cette définition ne précise pas la motivation du véganisme, à savoir le refus de l’exploitation animale. L’orthographe unifiée pour le terme véganisme a certainement aidé cette lexicalisation. Le terme végane, lui, n’a pas d’entrée propre. C’est pourtant le mot le plus employé par les véganes, celui qui leur permet non seulement de se désigner, mais également de qualifier les produits qu’ils consomment.

Si végane a cédé la place à véganisme dans le dictionnaire Hachette, c’est peut-être parce que la communauté végane francophone n’a pas encore d’usage orthographique unifié pour le terme végane. Trois variantes coexistent actuellement :

  • Vegan ne s’accorde pas avec la graphie véganisme, presque unanimement choisie, et ne manifeste pas d’effort d’appropriation. Au contraire, la germanisation du mot a conduit le Larousse anglais-allemand en ligne à proposer les noms Veganer et Veganerin, ainsi que l’adjectif veganisch.
  • La francisation en végan, ane correspond à un mécanisme relativement fréquent de formation des noms et des adjectifs féminins français, par adjonction d’un e final. Néanmoins, la graphie végan ne reflète pas la prononciation la plus courante (identique au masculin et au féminin). Elle entraînera peut-être une modification de la prononciation du mot au masculin.
  • La graphie végane correspond à la prononciation usitée par les populations concernées. La concordance entre orthographe et prononciation est logique et recevable par les dictionnaires. En outre, ce terme épicène permet d’éviter une différenciation selon le genre. Or le véganisme ne cherche-t-il pas à abolir les discriminations ?

L’entrée du vocable végane dans les dictionnaires permettra la diffusion du terme et de son concept auprès du public francophone et facilitera le travail des associations auprès des institutions, dans la mesure où ces dernières n’utilisent que des mots répertoriés dans les dictionnaires. Ainsi, la lexicalisation de végane améliorera notre prise en considération par les organismes d’État. L’unification orthographique de ce terme possède une force stratégique : un accès pour près de deux cent vingt millions de francophones.

Jasmine Perez