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Enfants véganes

Combien de véganes rêveraient de n’avoir jamais mangé un animal, ni aucun fluide animal ? Les bébés qui ont le privilège d’avoir des parents véganes construisent l’avenir d’un monde plus civilisé, certes, mais si les alimentations végétales permettent d’avoir des enfants en bonne santé, il faut éviter les risques réels. Pour que le mouvement progresse, les recommandations de sécurité qui suivent doivent être diffusées et appliquées.

Les mamans qui veulent et qui peuvent allaiter sont désormais encouragées par les institutions, en raison des multiples bienfaits observés sur les mères et sur les enfants. Lorsque l’allaitement est toutefois impossible ou tout simplement non souhaité, seules les préparations de base et de suite Prémiriz 1er âge et 2e âge sont recommandées. Elles sont adaptées, parce qu’elles sont réglementées (et conformes au cahier des charges de la marque végane internationale). Les simples laits végétaux du commerce (boissons à base de soja, quinoa, sarrasin, épeautre, riz, etc.) ne remplacent jamais un substitut de lait maternel spécifiquement enrichi et réglementé. Faites également attention à soigneusement éviter les marques qui utilisent de la spiruline (c’est indiqué parmi les ingrédients), car cette algue de culture n’est pas une source de vitamine B12 biodisponible pour l’espèce humaine.

La diversification doit commencer à partir de 6 mois, parce que le lait maternel n’est plus assez riche en fer ni en zinc pour garantir des apports suffisants pour la croissance des nourrissons. Le consensus est général, qu’il s’agisse du PNNS français, de l’OMS, de l’EFSA ou de l’Institut de médecine américain, et même de LLL (La Leche League) :

« les recommandations, tant nationales qu’internationales, s’accordent à préconiser un allaitement exclusif pendant les six premiers mois et une introduction des solides à partir du milieu de la première année (à noter que ces recommandations sont en adéquation parfaite avec le ressenti des mères fondatrices de LLL qui, il y a cinquante ans, avaient observé que les enfants grandissent parfaitement avec une diversification alimentaire repoussée à ce moment-là).
[…]
Les données récentes montrent que les premiers facteurs limitants (c’est-à-dire en quantité devenant insuffisante pour couvrir les besoins de l’enfant) du lait maternel sont le fer et le zinc.
Ces deux éléments sont présents dans la viande et le poisson. Or la faible charge osmolaire du lait maternel permet l’introduction de protéines d’origine animale dès 6 mois sans surcharger les reins fragiles des enfants de cet âge. Et pour ce qui est du risque allergique, les Sociétés de pédiatrie indiquent : “L’introduction de l’œuf et du poisson peut débuter après 6 mois” » (La Leche League, « Diversification alimentaire », 2015).

Pour commencer, remarquons que ce texte n’est absolument pas à destination des véganes. LLL a raison concernant les besoins en fer et en zinc, qui sont aisément comblés par la consommation de faibles quantités de chairs animales, parce qu’elles contiennent ces nutriments sous des formes hautement assimilables. Nous ne les recommandons évidemment pas, car il n’est pas nécessaire de tuer des animaux pour nourrir les bébés. Ces mêmes nutriments peuvent effectivement être obtenus avec une alimentation végane, mais pas sans y veiller quelque peu.

Les bébés véganes consomment des sources végétales abondantes de fer et de zinc, mais qui sont nettement moins biodisponibles. La diversification doit bien intervenir à partir de 6 mois, pour que les besoins en fer et en zinc soient satisfaits. Il peut falloir insister pour que le bébé mange suffisamment de végétaux riches en fer et en zinc, afin de compenser cette plus faible biodisponibilité.

La récente pratique de la DME (diversification menée par l’enfant) n’est donc pas une bonne idée pour les enfants véganes, pas à moins que le bébé ne mange bien (en quantité), ce qui demande une coordination que tous les bébés ne possèdent pas forcément à 6 mois (savoir se tenir assis parfaitement, se concentrer et prendre les objets). Les variations d’acquisition plus ou moins rapides sont importantes selon les bébés. Certains bébés n’y parviennent pas, ce qui constitue une zone de risque significative. Soulignons qu’aucune culture n’a pratiqué la DME par le passé, mais plutôt le prémâchage des aliments solides par les parents (avant de les donner aux bébés). L’introduction des aliments solides n’est donc pas une simple phase de découverte pour les bébés véganes, mais une étape nutritionnelle cruciale. C’est une spécificité végane, mal connue des organismes qui informent les foyers dont l’alimentation est conventionnelle. Certaines militantes de l’allaitement (selon nos retours de mères véganes) prétendraient que le lait maternel pourrait pleinement suffire au-delà de 6 mois, contrairement à l’avis officiel de leurs organisations. Il n’en est rien.

Des parents disent n’avoir rencontré aucun problème, malgré une certaine imprudence, et nous ne pouvons que nous en féliciter si c’est vrai (les petits retards ne sont pas toujours identifiés avec précision). Ces témoignages anecdotiques ne doivent toutefois encourager personne à prendre les mêmes risques, bien au contraire, car les problèmes qui nous ont été rapportés concernaient précisément les bébés allaités sans diversification ou sans diversification suffisante.

Une bonne insistance à la diversification a permis à des parents véganes de rétablir des courbes de croissance qui commençaient à présenter des débuts de cassure, mais mieux vaut prévenir, car ces situations sont extrêmement stressantes pour les parents, et potentiellement dangereuses pour les bébés. De même, la complémentation en B12 concomitante a remis la dynamique de croissance de plus d’un bébé végane, comme en témoignent la littérature médicale ainsi que nos observations et retours.

Il est difficile d’identifier des séquelles après résorption de carence dans la plupart des cas, mais cela peut tout aussi bien tenir à la valeur subjective de l’appréciation de l’état d’un système nerveux dont les examens ne permettent pas de tirer des conclusions purement objectives, au sens scientifique du terme. Des cas plus graves ont été rapportés très tôt, puisqu’une étude menée sur les enfants véganes de parents pionniers qui n’utilisaient pas les compléments par idéologie ou par ignorance avait clairement observé des « changements du système nerveux » dès les années 60, expression pudique qui désignait des séquelles graves (anomalies congénitales, atrophie cérébrale, etc.). C’est d’autant plus triste que la solution (efficace à tous les coups) existe depuis 1948, date de la découverte de la B12, seul nutriment d’origine bactérienne dont les besoins ne peuvent être satisfaits par les alimentations végétales, pas à moins de consommer des produits enrichis ou des compléments.

Le lait des mères carencées en B12 n’est pas adéquat, et chez les mères dont les apports sont satisfaisants, le lait maternel n’est peut-être déjà plus une source optimale de B12 à partir de 4 mois. Les réserves constatées à la naissance compensent quelque temps, à condition que la maman ait eu des apports adéquats avant et pendant la gestation. Notre recommandation est donc de complémenter le bébé dès le début de la diversification, qui doit intervenir à partir du 6e mois. C’est en continuité avec les recommandations que nous avons réclamées et obtenues du PNNS.

Les apports en B12 peuvent s’avérer insuffisants, malgré l’allaitement, pour plusieurs raisons, à commencer par l’absence totale de B12 dans les aliments végétaux, et la place que la diversification prend nécessairement sur la quantité de lait maternel consommée. De plus, la tétée est non mesurable, tandis que la concentration dans le lait maternel dépend étroitement des apports des mamans véganes. Les risques d’une insuffisance en B12 sont parfaitement documentés. La complémentation ne présente pas la moindre toxicité. Le prix des compléments est faible. Tous les éléments concernant l’évaluation du risque convergent pour recommander la complémentation des bébés.

Aujourd’hui, les enfants véganes n’ont plus aucune raison d’être en carence de B12. Il y a des cas d’atrophie cérébrale malheureusement récents (cf. illustration), des décès presque chaque année, des établissements de soins qui se plaignent des parents véganes, et personne ne peut vraiment leur reprocher de se plaindre. Les pires drames individuels (pourtant évitables à 100 %) se reportent sur le collectif et impactent la cause animale tout à la fois. Cette chaîne de victimes opère un effet de domino, que seules l’ignorance et l’obstination déclenchent.

Nous recommandons donc ce qui est prudent, ce qui fonctionne à coup sûr pour la sécurité de toutes les personnes qui végétalisent leur alimentation et celle de leurs enfants. Le véganisme n’est pas un terrain d’expérimentations. Il est désormais suffisamment bien documenté pour que les pièges soient évités.

De nombreuses questions sont posées au sujet des enfants qui mangent des chairs animales deux fois par semaine et un bout de fromage à la cantine ou chez un parent séparé (dont les convictions ne sont pas toujours véganes).

Cette consommation de chairs et de fluides d’origine animale ne protège pas les adultes de la carence en B12 ni les enfants. Nous en avons l’expérience, les témoignages abondent, et nous savons exactement pourquoi. En raison des phénomènes d’absorption, et surtout du plafonnement de l’absorption active, la plus faible fréquence de consommation des produits animaux réduit bien davantage la possibilité de garantir les apports que la seule quantité de produit ingéré. La complémentation est bien la seule recommandation qui protège. Cela permet également de sécuriser tout passage au véganisme, le cas échéant. À toutes fins utiles, rappelons que la carence en vitamine B12 est significative chez les personnes végétariennes.

Le véganisme est adapté pour les enfants, à condition d’éviter les pièges :

  • B12.
  • Iode.
  • Vitamine D.
  • Donner une alimentation riche en énergie et digeste, sans oublier les matières grasses quotidiennement (même si l’allaitement est poursuivi), car les enfants ont de petits estomacs, et leurs besoins en énergie sont proportionnellement plus importants.
  • Tenir les courbes de croissance à jour permet de repérer un infléchissement et d’y remédier au plus vite.
  • Consulter des personnes professionnelles de la santé est nécessaire pour repérer toute anomalie, quelle que soit l’alimentation des bébés.

Les meilleures recommandations institutionnelles mondiales donnent d’autres conseils avisés pour équilibrer son alimentation végétale, avec une section grossesse, allaitement et enfants. Pour des précisions sur les bébés, consultez notre brochure dédiée.

RAPPEL 1

Toutes les personnes véganes doivent se complémenter en choisissant de consommer :

  • soit 1 microgramme trois fois par jour ;
  • soit 10 microgrammes une fois par jour ;
  • soit 2000 microgrammes une fois par semaine ;
  • soit 5000 microgrammes une fois toutes les deux semaines.

Chacune de ces solutions offre exactement la même garantie de satisfaire les besoins quotidiens des adultes. Diviser par quatre pour les nourrissons à partir de la diversification (6 mois) jusqu’à 24 mois. Diviser par deux seulement pour les enfants de 2 à 12 ans. Ensuite, les doses sont les mêmes que celles des adultes. Attention à réduire les comprimés en poudre, pour éviter que les enfants ne s’étouffent en avalant de travers.

Les recommandations ci-dessus ne concernent que la cyanocobalamine. La vitamine B12 ne possède strictement aucune toxicité, sa forme la moins chère (cyanocobalamine) est plus stable et beaucoup mieux étudiée. Faute d’une littérature suffisante et en raison de plusieurs retours négatifs concernant quelques adultes, nous recommandons par précaution de ne pas utiliser les autres formes de B12 pour les bébés, quoi qu’en disent les marchandes et marchands.

RAPPEL 2
La tenue soigneuse des courbes de croissances reste un indicateur précieux pour effectuer le suivi nécessaire. L’avis régulier des personnes professionnelles de la santé n’est pas encore assorti de conseils nutritionnels adaptés aux alimentations végétales, pas en France, mais il permet de garantir une meilleure protection des bébés, parce que ces métiers sont rompus à l’identification des éventuels écueils communs à tous les bébés, quelles que soient leurs alimentations.

ADDENDUM
Tom Sanders, professeur émérite à l’Université de Londres (King’s College) n’est ni végane ni végétarien, et ne peut donc pas être suspecté de faire du prosélytisme végane. Il a publié plusieurs papiers sur les enfants véganes, qui soutiennent intégralement notre retour d’expérience et donc aussi la position exposée ci-dessus (www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/8172120, www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/7610022).