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La vitamine D

Deux articles sont proposés sur ce thème parce que les points de vue de Stephen Walsh (coordinateur scientifique de l’Union végétarienne internationale) et de Jérôme Bernard-Pellet (médecin généraliste) nous semblent complémentaires.

Veg 1 : explications du concepteur sur le choix de la dose de vitamine D2

Les 10 microgrammes (μg) de vitamine D2 (= 400 UI1) contenus dans un comprimé de Veg 1 [2] dépassent intentionnellement les apports alimentaires quotidiens de la majorité des omnivores occidentaux. Ainsi, les végétariens et les véganes ne risquent pas d’être désavantagés.

Jusqu’à 1 000 UI par jour [3], l’efficacité de la vitamine D2 (d’origine végétale ou fongique) est équivalente à celle de la vitamine D3 (d’origine animale), comme l’indiquent les preuves convaincantes [4] dont nous disposons.

Certains chercheurs recommandent des doses plus élevées de vitamine D, par exemple de 1 000 à 2 000 UI par jour [5]. Mais la communauté scientifique et les comités de nutritionnistes n’ont pas encore statué sur la réalité des effets bénéfiques espérés. Les recommandations de doses encore plus élevées sont spéculatives car nous ne disposons pas de tests directs sur une longue période. Le choix de prendre des doses élevées relève donc exclusivement de la responsabilité individuelle.

La Vegan Society produit un complément peu coûteux, la Veg 1, pour pallier facilement les points faibles connus d’une alimentation végétarienne ou végane. Le dosage de vitamines et minéraux a été choisi en fonction de ce que les instances de contrôle internationales et la communauté scientifique considèrent comme sans danger.

Stephen Walsh (trad. C. I.)

Août 2011

[La vitamine D et le soleil

Les graphiques reproduits ci-dessous illustraient un article de Stephen Walsh publié dans The Vegan en automne 2008. Il est difficile de déterminer la quantité de vitamine D souhaitable. La valeur de 25 microgrammes est incertaine, comme l’indique l’article précité. Le premier graphique montre que le soleil est considérablement plus efficace lorsque l’angle qu’il forme avec la terre est proche de 90° (par rapport à une situation géographique donnée). Le second graphique permet de comprendre que l’éloignement de l’équateur réduit le nombre de mois pendant lesquels on peut espérer synthétiser suffisamment de vitamine D. Dunkerque n’a pas le même potentiel que Porto-Vecchio.]

Notes :
1. Unités internationales.
2. Prononcez « Vaidjouane ».
3. Les tests qui ont suggéré que la vitamine D2 n’était peut-être pas aussi efficace que la vitamine D3 ont tous été conduits sur de courtes périodes avec des doses bien plus élevées.
4. Holick (M. F.), Biancuzzo (R. M.), Chen (T. C.), Klein (E. K.), Young (A.), Bibuld (D.), Reitz (R.), Salameh (W.), Ameri (A.), Tannenbaum (A. D.), « Vitamin D2 Is as Effective as Vitamin D3 in Maintaining Circulating Concentrations of 25-Hydroxyvitamin D », dans The Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism, vol. 93, n° 3, mars 2008, p. 677-681. Disponible ici : jcem.endojournals.org/content/93/3/677.full.pdf+html.
5. Ibidem.

La vitamine D chez les adultes : un véritable problème de santé publique

Longtemps négligée, en tout cas chez les adultes, la vitamine D revient sur le devant de la scène. En cause, de récentes études montrant des effets positifs sur des organes autres que l’os, ainsi que la mise en évidence de carences très fréquentes dans la population générale incluant les omnivores, les végétariens et les véganes.

Historiquement, la vitamine D est connue pour son rôle dans l’absorption digestive du calcium, puis dans la fixation de ce même calcium sur les os. Pour cette raison, des apports suffisants en vitamine D sont nécessaires pour prévenir le rachitisme chez l’enfant et l’ostéoporose chez l’adulte. De plus, elle a fait la preuve de son efficacité pour augmenter la densité minérale osseuse et surtout pour prévenir les fractures chez les personnes âgées [1, 2].

Les sources alimentaires en vitamine D sont peu nombreuses et surtout très pauvres, ce qui fait qu’il est quasi impossible d’assurer tous ses besoins par l’alimentation. Vous pouvez oublier d’emblée cette solution si vous voulez obtenir un taux optimal de vitamine D. La seule bonne source naturelle de vitamine D consiste en une exposition régulière au soleil. Plus précisément, nous fabriquons dans notre peau un précurseur de la vitamine D3, le 7-déhydrocholestérol. Les UVB (ultraviolets de type B) du soleil rendent possible une transformation du 7-déhydrocholestérol en vitamine D3, qui sera à son tour transformée successivement dans le foie en 25-OH-D3, puis dans le rein en 1-25-(OH)2-D3. Malheureusement, la synthèse de la vitamine D3 dans la peau décline à partir de l’âge de 50 ans et, malgré une exposition adéquate, de nombreuses personnes ne parviennent pas à obtenir de taux sanguin satisfaisant.

Notez que la vitamine D2 ingérée sous forme de supplément ou par l’alimentation sera transformée par le foie en 25-OH-D2, puis dans le rein en 1-25-(OH)2-D2. Mais les deux formes transformées sont généralement regroupées sous le terme 1-25-(OH)2-D, considérée comme la forme réellement active de vitamine D.

Toutefois, c’est l’ensemble 25-OH-D3 + 25-OH-D2 qui est le meilleur indicateur des stocks en vitamine D, et c’est celui dont il faudra tenir compte pour les dosages sanguins. Les laboratoires d’analyses doivent utiliser un kit de dosage spécifique pour prendre en compte à la fois la vitamine D3 fabriquée naturellement et la vitamine D2 ingérée [3]. Votre médecin devra noter sur votre ordonnance « dosage sérique 25-OH-D2 + D3 » s’il veut évaluer l’efficacité de votre éventuel traitement par vitamine D2. Ne doser que la seule 25-OH-D3 risque de sous-estimer votre taux réel de vitamine D. Sous nos latitudes, une exposition du visage et des avant-bras au soleil pendant vingt minutes par jour environ d’avril à octobre semble suffisante pour assurer des apports adéquats en vitamine D. Par contre, cela ne semble pas être possible en hiver, d’où l’intérêt d’une supplémentation.

Actuellement, nous constatons sous nos latitudes qu’entre 50 et 75 % de la population générale (omnivores, végétariens et véganes) est carencée en vitamine D. Ce chiffre est colossal. Il s’explique par le changement radical de notre mode de vie en quelques décennies. Il n’y a pas si longtemps, la majorité des Français étaient paysans et passaient beaucoup de temps à l’extérieur. La vitamine D n’était donc absolument pas un problème. Nous sommes très probablement adaptés génétiquement à cet ancien mode de vie. Désormais, la grande majorité d’entre nous travaillent à l’intérieur, ce qui explique que la carence en vitamine D soit devenue un véritable problème de santé publique. Il est d’ailleurs étonnant de constater que les autorités sanitaires n’aient pas réagi et qu’il n’existe pas de programme national de santé publique en France pour dépister et supplémenter systématiquement les personnes adultes carencées, alors même que la vitamine D est très bon marché.

Pour être satisfaisant, le taux sanguin de vitamine D (en additionnant les formes 25-OH-D3 et 25-OH-D2) doit être compris entre 75 et 250 nmol/l (soit 30-100 ng/ml). Ce n’est probablement qu’à partir de ce taux que tous les effets bénéfiques potentiels de la vitamine D deviennent significatifs. En effet, des études d’observation montrent un effet préventif de la vitamine D à taux élevés sur les cancers du côlon et du sein, le diabète de type I, l’hypertension artérielle, la sclérose en plaques et la polyarthrite rhumatoïde [4]. Même si des études d’intervention randomisées n’ont pas encore été réalisées sur ces points, ces données doivent nous inciter à nous supplémenter avec des doses considérées comme élevées de vitamine D. Notons qu’aucune toxicité n’a jamais été mise en évidence pour des doses quotidiennes de 10 000 UI. Cette dose de 10 000 UI est considérée comme la dose maximale chez l’adulte que n’importe qui peut prendre sans risque, même si la dose maximale réelle est probablement bien plus élevée encore [5].

En 2009, une étude d’intervention randomisée sur des enfants en âge scolaire a démontré de manière formelle que la vitamine D était efficace pour prévenir la grippe [6]. Dans cette étude, le groupe d’enfants recevant 1 200 UI de vitamine D par jour avait 42 % de risque en moins de contracter le virus de la grippe que le groupe d’enfants recevant un placebo. Ceci tend à démontrer qu’il est important d’avoir des taux sanguins optimaux en vitamine D pour pouvoir se défendre efficacement contre les maladies infectieuses. Il est probable que l’épidémie saisonnière de grippe survienne en hiver et non en été précisément parce que nous avons de faibles taux sanguins de vitamine D en hiver.

Il est étonnant de constater que les apports nutritionnels conseillés (ANC) décidés par les autorités sanitaires en France pour les adultes (à savoir l’AFSSAPS) ne soient que de 200 UI depuis 2001. La recommandation de 2001 a été abaissée par rapport au chiffre déjà faible de 1992, qui n’était que de 480 UI. Ceci est incompréhensible au regard des données de la science et contribue à favoriser l’émergence de maladies chroniques dans notre pays. Les nouveaux ANC du Canada pour l’année 2010 sont de 1 000 à 2 000 UI par jour selon les cas et envisagent si besoin des apports plus élevés. Même des apports de 2 000 UI par jour me paraissent bien trop conservateurs car ils parviennent rarement à faire franchir le taux sanguin de 75 nmol/l de vitamine D, taux nécessaire pour bénéficier d’une protection optimale contre l’ostéoporose [7]. Par conséquent, une recommandation raisonnable est de prendre systématiquement entre 4 000 et 5 000 UI de vitamine D par jour [8]. Concrètement, 4 000 UI de vitamine D2 correspondent à 10 gouttes de Stérogyl gouttes, médicament vendu sans ordonnance dans toutes les pharmacies pour un prix modique. Même si cette dose paraîtra bien élevée à la plupart des médecins et pharmaciens, c’est pourtant une solution raisonnable pour tenter d’obtenir un taux optimal de vitamine D dans le sang. Rappelons que cette dose reste très en deçà des doses considérées comme toxiques.

La question de la différence d’efficacité entre la vitamine D2 et la vitamine D3 n’est pas totalement résolue à ce jour, même si la vitamine D2 semble moins active que la D3, ce qui justifie l’administration de doses plus élevées de D2. Toujours est-il que la vitamine D3 (cholécalciférol) est presque toujours d’origine animale, alors que la vitamine D2 (ergocalciférol) est toujours d’origine végétale, ce qui orientera le choix de la communauté végétarienne et végane.

Pour les personnes les plus motivées par leur santé, on peut proposer un contrôle de la vitamine D dans le sang (25-OH D2 + D3) trois mois après le début de la supplémentation, délai nécessaire pour que le taux sanguin de vitamine D atteigne un plateau [9]. Suivant les résultats, on peut décider d’ajuster la dose quotidienne. Le plus souvent, cet ajustement consiste à augmenter la dose quotidienne afin de parvenir enfin au taux de 75 nmol/l.

En conclusion, la carence en vitamine D est généralisée dans la population et ses conséquences sont lourdes. Concrètement, demandez à votre médecin traitant un dosage de 25-OH-D3 si vous voulez en avoir le cœur net. Si vous êtes carencé, vous pouvez prendre environ 4 000 UI de vitamine D par jour à vie sous la forme que vous souhaitez. Stérogyl gouttes est une spécialité qui contient de la vitamine D2, sans aucun ingrédient d’origine animale. Ce produit est disponible partout en pharmacie et est remboursable. Il ne nécessite pas d’ordonnance si vous ne souhaitez pas consulter de médecin. Bien sûr, sans ordonnance, vous ne serez pas remboursé du prix modique de cette spécialité. Dix gouttes par jour sont une dose raisonnable pour commencer. Si compter les gouttes tous les jours vous paraît trop contraignant, il est possible de prendre en une seule fois, tous les mois, 120 000 UI de vitamine D2, ce qui correspond à 6 ml de Stérogyl gouttes. Le coût mensuel sans ordonnance est de 0,62 €, à savoir une somme négligeable au regard du service médical rendu. Il est également pertinent de prendre ce traitement sans dépistage préalable si on ne s’expose pas ou peu au soleil. Vous pouvez faire un contrôle d’efficacité de ce traitement au bout de trois mois ou après tout changement de posologie en dosant l’ensemble 25-OH-D2 + D3. Une telle attitude, si elle était généralisée à toute la population, permettrait probablement de sauver des milliers de vies humaines et éviterait certainement bien des grippes hivernales et d’autres désagréments.

J’insiste sur le fait que je ne souhaite pas faire la publicité d’une spécialité en particulier. J’ai décidé de fournir ce type d’information uniquement pour faciliter la vie des lecteurs en donnant des conseils pratiques, adaptés au marché français. En effet, vous trouverez d’autres spécialités équivalentes sur le marché.

Dr Jérôme Bernard-Pellet

Août 2011

Notes :
1. Hanley (D. A.), Cranney (A.), Jones (G.), Whiting (S. J.), Leslie (W. D.), Cole (D. E.), Atkinson (S. A.), Josse (R. G.), Feldman (S.), Kline (G. A.), Rosen (C.), « Vitamin D in Adult Health and Disease: a Review and Guideline Statement from Osteoporosis Canada », dans Canadian Medical Association Journal, vol. 182, n° 12, 7 septembre 2010, p. E610-E618. Disponible ici : cmaj.ca/content/182/12/E610.full (article payant).
2. Holick (M. F.), « High Prevalence of Vitamin D Inadequacy and Implications for Health », dans Mayo Clinic Proceedings, vol. 81, n° 3, mars 2006, p. 353-373. Disponible ici : mayoclinicproceedings.com/content/81/3/353.long.
3. « Recommandations à destination des biologistes concernant la spécificité des dosages de vitamine D » de l’AFSSAPS (juillet 2009) : afssaps.fr/content/download/22438/283867/version/3/file/vitamineD.pdf.
4. Voir l’article cité en note 2.
5. Hathcock (J. N.), Shao (A.), Vieth (R.), Heaney (R.), « Risk Assessment for Vitamin D », dans The American Journal of Clinical Nutrition, vol. 85, n° 1, janvier 2007, p. 6-18. Disponible ici : ajcn.org/content/85/1/6.long.
6. Urashima (M.), Segawa (T.), Okazaki (M.), Kurihara (M.), Wada (Y.), Ida (H.), « Randomized Trial of Vitamin D  Supplementation to Prevent Seasonal Influenza A in Schoolchildren », dans The American Journal of Clinical Nutrition, vol. 91, n° 5, mai 2010, p. 1255-1260. Disponible ici : ajcn.org/content/91/5/1255.long.
7. Aloia (J. F.), Patel (M.), DiMaano (R.), Li-Ng (M.), Talwar (S. A.), Mikhail (M.), Pollack (S.), Yeh (J. K.), « Vitamin D Intake to Attain a Desired Serum 25-Hydroxyvitamin D Concentration », dans The American Journal of Clinical Nutrition, vol. 87, n° 6, juin 2008, p. 1952-1958. Disponible ici : ajcn.org/content/87/6/1952.long.
8. Ibidem.
9. Voir l’article cité en note 1.